Un point moto avant les ZétaZunis?

Passage Colombie / Panama

Sur ce parcours, le carnet de passage en douane, présenté comme une formalité OBLIGATOIRE par l’Automobile Club de France, est définitivement une vaste fumisterie.

Pour l’administratif encore, rapidement, il faut savoir trois choses :

° Si les cartes grises françaises stipulent les numéros de châssis ou de moteur, ce n’est que sous forme de code barre ou bien dissimulé dans une série de chiffre digne de la plus belle administration. Ce sont pourtant les seules informations qui intéressent douaniers et policiers locaux. Autant dire que je n’ai que rarement eu à me justifier autant … et il m’en a coûté quelques heures lors de l’importation initiale sur le continent (Buenos Aires).
° les administrations locales ont le culte du papier officiel tamponné de multiples estampillages aux couleurs polychromes.
° les papiers officiels français comportent aussi bien lettres que chiffres et cela ne cadre pas forcément avec le pré-formatage des ordinateurs de l’administration locale … encore moins avec le pré-formatage du clampin de service que l’on ne manque pas de découvrir derrière l’ordinateur.

Depuis?
Je garde une photocopie de chaque papier officiel à chaque passage de chaque frontière et, sur l’uniforme,  je vise plutôt les barrettes que les chevrons ….
Il y a plus d’efficacité à présenter les papiers légaux du pays voisin et à jouer avec un nationalisme exacerbé qu’à prendre de haut, arrivant d’un pays membre du G6 (G7 en 1976 puis G8 depuis 1998), le pauvre fonctionnaire de faction planté pour plusieurs semaines à 45OO mètres d’altitude.

Le passage des différentes douanes est généralement une rapide formalité, dépendamment de l’intérêt que porte le douanier à votre véhicule. Cet intérêt restant d’ordre particulier, personnel et rêveur, reste son aptitude à se servir du matériel informatique et la qualité dudit matériel.
Là? c’est moins évident!!

Jérôme MAURICE chez lui!!

Les assurances?

Il n’existe pas, à ma connaissance, à ce jour, d’assurance moto au sens où l’entend un pays « sécuritaire ».
Il faut distinguer deux choses : la loi des pays traversés et l’assurance à proprement parler.
Pour l’assurance à proprement parler, ne vous faites pas d’illusion, à la différence de chez nous, il ne suffit pas d’être honnête pour se faire « entuber » par son assureur.
Il ne m’a jamais été demandé mes papiers d’assurance.
Par contre, j’aime autant dire que mieux vaut être en règle avec la législation du pays si on ne veut pas s’offrir à la corruption.
La difficulté consiste à obtenir les informations, et des informations « à jour ». En cela, des sites comme HorizonsUnlimited, ou les occasionnelles rencontres avec d’autres bipèdes bi-roues exilés est bien plus fiable que quoique ce soit.
Pour commencer, c’est simple!! Pour les français, retournez la feuille verte de votre assurance : vous avez au dos, la liste des pays éventuellement pris en charge. Si vous voyez n’importe quel pays d’Amérique du Sud et/ou du Nord, prévenez-moi : j’achète!!
Ensuite, préservez-vous de toutes les bonnes volontés qui vous donneront le fruit de leur expérience … en voiture ou en camping-car. La moto a un statut particulier sous ces latitudes!
Enfin, ce n’est pas le sujet de conversation premier que j’ai eu avec les motards croisés.
Cela doit exister. J’ai vaguement entendu parler d’une assurance australienne – sans référence -. Encore faut-il regarder les prix! Il ne faut pas non plus prendre les assureurs que pour des voleurs!!
J’avais trouvé une assurance à Buenos Aires me « couvrant » pour la première année. « Couvrir » fut, à l’expérience, un doux malentendu!
Malgré d’âpres recherches et l’active collaboration de Pascale, la deuxième année s’est écoulée, épisodiquement accompagné d’assurances obligatoires de rares pays.
La Bolivie, par exemple, n’a pas les deux roues au-dessus de 125cc dans son catalogue.
L’Equateur pas même dans son vocabulaire.
La Colombie est un peu à part.
Le Venezuela impose une assurance nationale. Les bureaux de courtiers sont légions à la frontière. Il vous en coûtera – et cela vous garantira – deux francs six sous!!
La question ne s’est pas posée lors la traversée de l’Amérique centrale : je « roulais » sur l’assurance vénézuélienne, …
D’une façon générale, les deux meilleures compagnies d’assurance, ici comme ailleurs, s’appelle encore PRUDENCE et PRECAUTION

Savanne vénézuélienne

L’essence?

Il est fortement conseillé de se fournir dans les stations à essence, même si cette partie de continent présente des étendues assez mal desservies. Un bidon d’un gallon a fait le complément.
Au gré des taxes appliquées dans chaque pays, vous rencontrerez un marché parallèle de l’essence.
L’économie est dérisoire par rapport au risque. L’essence, comme la drogue, se « coupe ».
L’économie substantielle réalisée au Venezuela (le plein du réservoir pour le prix d’un demi-litre d’eau? Ca marque! Ca marque d’autant plus que le baril atteignait, à l’époque, les 147 $) est insignifiante au regard des néfastes déviances de la manne pétrolière, de la pollution engendrée et de la déplorable influence sur sa population.
En marge : l’essence est certainement la raison de la plus grande prise de conscience de ce voyage et le motif d’un bon gros vieux sentiment de culpabilité!!

Essence coupée? Vous avez dit essence coupée?

La corruption?

Le fait que la moto soit un modèle, somme toute, … peu répandu … pourrait paraître un handicap (signe extérieur de richesse, tentation, envie, jalousie, …). C’est, en définitive un avantage.
Les représentants des forces de l’ordre sont plus attirés par la curiosité que par un quelconque appât du gain sur un continent qui traîne pourtant cette fâcheuse réputation.
Je ne me suis fait racketter que deux fois.
La première fois, je m’en suis bien sorti.
A de la deuxième fois, ce n’était qu’à moitié de la corruption, j’étais totalement en tort : je roulais sans casque!!
Je n’évoquerai pas là le Venezuela!!

Mais, pour en finir avec la corruption, dans un cas comme dans l’autre, je suis reparti sans bourse déliée.

Non! Non! Non! Je n’évoquerai pas le Venezuela!!

La mécanique?

Première garantie apprise dès le début : ne pas laisser qui que ce soit à sa place!
Dès que les compétences échappent, rester dans les parages, autant pour apprendre que pour surveiller.
Première certitude acquise avant le départ : il n’y aura pas de concessionnaire sur la majeure partie du sous-continent.
Pas de concessionnaire, cela ne veut pas dire que vous êtes abandonnés. Au contraire, cela veut dire que vous allez faire des économies. L’incidence de l’école de la débrouille, de la virtuosité des soudeurs et du génie des mécanos est énorme sur le budget total.
Bien sûr vous privilégierez le métal au plastique et la mécanique à l’électronique. Ca va être de plus en plus dure, mais on y arrive encore!!
Le GPS? Je n’allais pas m’encombrer! Je suis parti pour me perdre!!

© Samuel ANDRUSZKIEWICZ

L’équipement personnel?
L’équipement c’est quoi? la sécurité et le confort!
Minimum pour un encombrement minimum.
Un choix : chaussure de montagne plutôt que botte de moto parce qu’une bonne chaussure de montagne protège plus que la botte de moto ne permet la randonnée.
Un dilemme : froid et pluie.
Erreur au départ … puis la monstrueuse combinaison thermique, combinaison de pêcheur, acquise à Ushuaïa, malgré un encombrement maximal, m’a protégé du froid mais aussi de l’altitude et des pluies en leurs saisons!!
Au passage, la Colombie impose le port d’une « chaleco », gilet à bandes réfléchissantes marquée du numéro d’immatriculation. Tenez-vous le pour dit! Acquisition sur place. Prix dérisoire.
Un casque : intégral, léger et solide (la technologie fait que ce n’est plus antinomique!), … mais le casque, le casque, …

© Samuel ANDRUSZKIEWICZ

QUOI?
TU ROULES SANS CASQUE?
TU N’ES PAS FOU?
IRRESPONSABLE, VAS!!
TU Y PENSES A (je vous les mets en vrac!!)
TES FILLES, TA FEMME, TES PARENTS, TA FAMILLE, TES AMIS, …?

Là, il est temps que je m’offre,
comme je le fais sur ce continent parce qu’il le permet,
un petit luxe.

Messieurs (et Mesdames) les moralisateurs et autres bien-pensants,

Qui n’a pas rêver de rouler les cheveux dans le vent sur les quelques rares routes des quelques états d’Amérique qui n’ont pas encore le port obligatoire du casque inscrit sur leur code de la route?
– « C’est comme un mythe, c’te réputation!! »
– « Oui!! mais, Monsieur, la sécurité est internationale!! »
« Viens voir ici, con, si elle est international ta sécurité. »
– « Oui, mais Monsieur, c’est dangereux! »
Certainement pour moi, seulement pour moi, surtout pour moi, … parce que :
-« Penses bien que je ne monte sur la moto que pour me vautrer au premier virage!! »
– « Mais vous êtes un irresponsable!! »
Total!! Complet!! Abouti!! Peaufiné même!!

J’en ai soupé des leçons de moral.
Pas vous?

Bon! On se calme : Je me suis simplement rendu compte,
parce que les étendues vierges me le permettaient,
parce que le climat me l’autorisait,
parce que ma prise de risque était calculée,
que je pouvais parfois me permettre de prendre quelques libertés
face auxquelles je ne connais personne,
mais vraiment personne,
si ce n’est quelques tristes « peine-à-jouir » résiduels,
qui ne rêveraient de faire la même chose.
Et ce, sur tel ou tel sujet de société.
Le casque n’est là que le catalyseur!

La Patagonie, m’a dépucelé!
Le Pérou m’a conforté!
Le Venezuela? le casque m’a sauvé!
Le Nicaragua? Avec circonspection pour raisons météorologiques.

On est bien d’accord, je ne prône pas la conduite sans casque.
On est bien d’accord, en adulte responsable, je ne pourrai que regretter que certains braves bœufs prennent ces quelques lignes au pied de la lettre :
– « pourquoi lui, pourquoi pas moi? ».
On est bien d’accord : de tels propos anarchisants ne sont pas judicieux.

Mais … quel pied!!!

Hauts plateaux boliviens par une nuit de pleine lune

Pourquoi une moto?

pour le contact

Particulièrement sur ce continent, le véhicule attire. Question de civilisation. Je suis parti pour faire des images et pas seulement de paysages. Quand je m’arrête en rase campagne, c’est un attroupement. A chacun ensuite d’orienter la conversation sur tout autre sujet de conversation.
Certes, la Sainte-Moto a quand même cette p… de réputation d' »aspirateur à gonzesses ».

Viviane dans ses œuvres

Là? Elle me fait souvent gagner un temps considérable pour passer la barrière du « rapport-au-touriste ». Pour peu qu’un enfant se prête au jeu et/ou demande à monter sur la selle, c’est toute la communauté qui arrive. Il ne reste plus qu’à faire le pitre et sortir un appareil photographique, deuxième signe extérieur de richesse. La moto fait oublier l’appareil et l’appareil fait oublier la moto. Il ne reste plus que l’essentiel!!

Lac de Cumbal – COLOMBIE

pour la simplicité

Tout signe extérieur de richesse que pourrait paraître ce monstre, le niveau du compte en banque est ici évalué au nombre de roues. Avec 2 roues, je suis moins « tentant » tout en gardant mon autonomie.

l’indépendance

J’adore le train. Les bus ici sont une expérience chaque fois renouvelée, qu’ils soient Pullman® ou locaux. Je ne rechigne ni à un trajet en voiture, ni à un tour en hélicoptère (merci Wilson!).
Certes le cheval est l’idéal, mais sur l’ampleur du parcours, la pauvre bête …

pour la maniabilité

Avec ce souci de liberté de mouvement, je me voyais mal garer un camping-car dans le centre ville de Lima ou de Quito.

pour la sécurité

La puissance du moteur est l’unique garant de la sécurité dans des pays où je me demande encore ce que sont les auto-écoles, où les habitudes de conduite sont de toutes façons différentes mais aussi propres à chaque nation.
A proximité des zones urbanisés, le stationnement, qu’il soit momentané ou prolongé, reste un problème et il est plus aisé de rentrer un deux roues qu’un 4X4 ou un camping-car dans un magasin de porcelaine!! C’est du vécu!!

pour la fraternité

Bien que peu sensible à ce qui n’est souvent que du sectarisme,
bien que pas particulièrement fan de drapeaux confédérés et autres insignes nazis,

Pour avoir quand même échangé : sa culture n’a pas ces références historiques!!


je dois bien avouer qu’il est tout de même agréable :
– de tailler une bavette avec un canadien doublé au Nord du Pérou remontant cers son Yukon natal,
– d’échanger des informations avec un danois venant de Californie croisé en Equateur,
– de se faire affranchir sur le Vénézuéla par des anglais rencontré en Colombie,
– …
Des virées dans l’arrière pays de Cali, je garde un ami : Bonjour Alain!! Mon bon souvenir à Jorge, Manuel y Gloria. A Paula aussi, … mais là je m’égare!!

pour l’exacerbation des sens

La vue : je n’ai pas de plafond. J’ai une vision à 360°.

Les odeurs : même avec le casque, les odeurs suivent la progression : odeurs de décharge à l’entrée des villes mais odeurs des champs d’orangers, des cultures de canne à sucre, odeur de chaud caniculaire, odeur de froid intense … des éléments qui font partie de la découverte.

L’ouie : le tonnerre qui gronde au loin pour confirmer que l’orage va me tomber dessus, le bruit d’une cascade que je n’aurai pas débusquée, …

Le toucher : la sensation – impossible à imaginer avant de l’avoir vécu – d’un vent de 120 km/h qui se lève, le « toucher » des pistes, les glissades sur la piste caillouteuse, le passage des plaques de glace , de sable, la lourdeur d’un terrain glissant avec une machine, bagages compris, de 300 kg.

&

pour le plaisir indicible …

… le bruit du vent et la poussière …

© Samuel ANDRUSZKIEWICZ
Avec une plaque française?

Avec une plaque française!!

Pour le snobisme d’afficher un arrogant 75 et son petit F sur fond de drapeau européen.
Je ne veux pas relancer le débat des plaques européennes.
Je vous rassure : ces détails insignifiants n’intéressent personne mais simplifient considérablement les formalités douanières.

test

Pour un rappel du pourquoi, du comment, de la moto :

La présentation

 

&

Diaporama  :   ‘La Route

 

Articles complémentaires :

C’est une sculpture, c’est un sculpteur!!
Moto-portraits
La moufette
Il fait froid
Etape du 24 avril 2007
Un grand classique
Embouteillage
Retour sur Lima
Une journée sur la selle

Ce contenu a été publié dans Petites notes personnelles, Progression, TEXTES. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

3 réponses à Un point moto avant les ZétaZunis?

  1. Touvet dit :

    Bonsoir,je roule en BMW 1200GS et en Victoryvraiment je me suis régalé sur ce site,plein de renseignements et conseils,bravo et merci,bonne continuation et bonne route. Jérôme.

  2. Roberto dit :

    Bienvenu au club pour le casque.

  3. Dul dit :

    Merde tu fais fier, j’aurai pas du te lire !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *